Quand le réchauffement climatique affecte notre santé mentale

Article : Quand le réchauffement climatique affecte notre santé mentale
Crédit: Peggy_Marco / Pixabay
1 novembre 2021

Quand le réchauffement climatique affecte notre santé mentale

Si la relation entre le réchauffement climatique et la santé physique gagne du terrain dans le monde scientifique, la question du rapport entre la hausse des températures et de la santé mentale reste peu documentée. Pourtant, un certain nombre d’études ont tenté de révéler l’impact inquiétant du réchauffement climatique sur la santé mentale des populations. Faisons ensemble une immersion pour mieux comprendre ce rapport.

       
À partir du 31 octobre 2021, la prestigieuse ville de Glasgow au Royaume-Uni accueille la 26eme Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Comme à l’accoutumé, cette immense rencontre est l’occasion de faire le point sur les différents engagements pris lors de l’accord de Paris, mais également d’offrir aux dirigeants mondiaux une occasion unique d’agir ensemble pour la limitation des hausses de température et le changement climatique. Cet évènement est d’une importance cruciale car selon les dernières estimations de l’ONU, la hausse de la température globale pourrait probablement dépasser le seuil de 1,5 °C depuis l’ère préindustrielle entre 2021 et 2040 . Dans son dernier rapport (Aout 2021), le Groupe Expert Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) souligne que le réchauffement de la planète provoque des changements plus marqués parfois irréversibles concernant les régimes de précipitations, les océans et les vents dans toutes les régions du monde. Au sein de l’Union Européenne par exemple, on observe des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et intenses notamment des vagues de chaleur, des inondations, des incendies de forêt, etc.

Cette situation assez inquiétante constitue une réelle menace pour notre planète, mais aussi pour la santé humaine. En marge de ce grand rendez-vous, nous essayerons d’aborder dans cet article le rapport entre le réchauffement climatique et la santé mentale. Cette réflexion sera une synthèse des connaissances qui existent sur la thématique de l’impact du réchauffement climatique sur la santé mentale.

Les catastrophes naturelles et la santé mentale

Tremblement de terre
Crédit: Angelo Giordano / Pixabay

Si les conséquences du réchauffement climatique sur la santé physique sont bien documentées, il est important de souligner que très peu d’études abordent le rapport entre santé mentale et réchauffement climatique. Dans un rapport, Emma Lawrance de l’Imperial Collège de Londres estime que la santé mentale constitue l’impact invisible du réchauffement climatique. Pourtant, les différents événements climatiques extrêmes à l’instar des inondations, des ouragans, des typhons, des tsunamis ne sont pas sans incidence sur la santé mentale des populations. Dans un article publié en 2017, Lily Lessard et Geneviève Brisson affirment qu’« il est fréquent d’observer lors des catastrophes naturelles, des états de stress aigu, des sentiments de vulnérabilité, de la détresse psychologique et de l’épuisement » .

En effet, la survenue d’une catastrophe naturelle engendre des conditions pathologiques comme des troubles d’adaptation, des deuils pathologiques, des états de stress post-traumatiques, des troubles anxio-dépressifs, des troubles de sommeil, parfois des abus de substances illicites et des suicides. Lors d’une intervention, Frédérick Philippe de l’Université du Québec à Montréal déclarait que les effets des événements aversifs de la vie (accident, deuil, catastrophe naturelle…) sont responsables de 50% de tous les problèmes de santé mentale dans le monde (anxiété, dépression, trouble de la personnalité, idées ou comportements suicidaires, etc)

Des troubles mentaux corrélés à la hausse des températures ?

Mal de tête
Crédit: Geralt / Pixabay

Parler de réchauffement climatique, c’est évoquer la question de la hausse des températures observée depuis ces dernières décennies. Cette réalité alarmante pousse à nous interroger sur le rapport entre hausse de la température et santé mentale des populations. Lors d’une enquête réalisée entre 2002 et 2012 auprès de 2 millions américain.es, les chercheurs du Proceedings of the National Academy of Sciences ont découvert une probable corrélation entre l’augmentation de la fréquence des troubles mentaux et la hausse des températures. Selon cette étude, le passage de températures mensuelles comprises entre 25 °C et 30 °C à plus de 30 °C augmente la probabilité de développer des problèmes de santé mentale à 0,5 %. Les auteurs soulignent que l’augmentation de la température sur cinq années pourrait être associée  à une hausse de 2 % dans la fréquence des problèmes de santé mentale.

En parallèle, un groupe scientifique américain s’intéressant à la relation existante entre climat et santé mentale, révèle en 2019 dans le Journal of Health Economics, des résultats marquant d’une enquête. Se fondant sur diverses données en l’occurrence sur le suicide aux États-Unis (1960 et 2016) et l’état de santé mentale auto-déclaré (1993 et 2012), ces chercheurs ont estimé que l’augmentation d’une température mensuelle de 0,6°C entrainerait une augmentation des visites en urgence pour des problèmes de santé mentale et une hausse des suicides.

Bien que ces enquêtes aient été essentiellement menées dans un contexte américain, elles soulignent cependant le rapport entre variation climatique et santé mentale. Enfin, elle ouvre également la voie à des études dans d’autres pays.

La dépression, favorisée par la pollution

Jeune fille dans un état dépressif
Crédit: Ryan McGuire / Pixabay

Étroitement liée au réchauffement climatique, l’élévation du niveau de pollution de l’air (la formation d’ozone plus fréquente, la concentration des particules fines associées à des incendies ou des brumes de sable du Sahara…) n’est pas sans conséquence sur la santé mentale des populations. Dans une note publiée en 2019, des chercheurs d’ONU Environnement déclaraient que l’élévation du niveau pollution serait corrélée de manière biologique à l’apparition de troubles dépressifs.

Dans cette même veine, une étude britannique réalisée en 2019 révèle que l’exposition à des particules ultrafines, développerait trois à quatre fois le risque de faire une dépression. Selon cette étude, l’exposition à des particules ultrafines pourrait provoquer une réaction inflammatoire dans le cerveau et favoriser le développement de symptômes de la dépression.

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