Quand les espaces verts deviennent des éléments primordiaux de promotion de la santé

Article : Quand les espaces verts deviennent des éléments primordiaux de promotion de la santé
Crédit: Pexels/Zeynep
29 novembre 2021

Quand les espaces verts deviennent des éléments primordiaux de promotion de la santé

Parler de promotion de la santé, c’est sans ambages faire appel à l’idée de création d’un environnement favorable au bien-être des populations. Parmi l’ensemble des politiques d’aménagement du territoire participant à donner aux individus un plus grand contrôle sur leur santé, la création d’espaces verts semble se présenter comme l’un des éléments primordiaux de promotion de la santé.

Depuis une trentaine d’années, la notion de promotion de santé est au cœur des démarches et politiques de santé publique dans le monde. Selon l’OMS dans son glossaire de la promotion de la santé, le concept de promotion de la santé s’inféode à « un processus social et une politique globale, qui comprend non seulement des actions visant à renforcer les aptitudes et les capacités des individus mais également des mesures visant à changer la situation sociale, environnementale et économique, de façon à réduire ses effets négatifs sur la santé publique et sur la santé des personnes ».

C’est donc un processus qui confère aux individus, les moyens de mieux maîtriser les déterminants de la santé et ainsi de l’améliorer. Sa mise en œuvre passe par l’application de cinq grands principes d’action prioritaire définis par la charte d’Ottawa. Il s’agit de la création des milieux favorables à la santé, du renforcement de l’action communautaire, du développement des aptitudes personnelles, de la réorientation des services de santé et de l’élaboration des politiques conditionnant la santé.

En lien avec notre sujet, nous nous focaliserons essentiellement tout au long de notre réflexion, sur un domaine d’action prioritaire, en l’occurrence « la création des milieux favorables à la santé ». Promouvoir la santé sur un territoire, c’est avant tout modifier ou transformer les milieux de vie et non pas se limiter à un changement des comportements de santé (Avoir une alimentation saine, manger équilibrer, faire du sport…). De ce fait, agir sur la santé passe au préalable par un choix d’aménagement et de planification favorables à la santé.

De tous les aménagements créant des conditions adéquates à la santé populationnelle, notre regard s’est porté sur les espaces verts. Désignant selon Géoconfluence « des terrains non encore bâtis, végétalisés ou arborés, boisés ou agricoles », les espaces verts sont considérés aujourd’hui comme des ressources indispensables de promotion de la santé. De nombreux travaux de recherches et études s’accordent à démontrer la relation étroite entre la présence des espaces verts et la santé physique, mentale et sociale.

Les espaces verts, facteur de promotion de la santé physique

Les maladies non transmissibles y compris les cancers, les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires chroniques, le diabète ainsi que les troubles mentaux et neurologiques constituent une menace importante pour la santé humaine. Selon Nathalie Röbbel, spécialiste de l’OMS, ces maladies représentent actuellement 68 % de la mortalité mondiale chaque année. Une telle situation alarmante a conduit la communauté internationale, à la recherche de solutions et à l’élaboration des politiques de santé publique dans l’optique de réduire ce taux de mortalité inquiétant lié aux différentes pathologies.

Parmi les nombreuses recherches menées, l’importance de la présence des espaces verts en milieu urbain, fait partie des palliatifs majeurs pour atteindre une meilleure santé. De nombreuses études dans le monde ont souligné les effets positifs qu’engendrent les espaces verts sur la santé physique (La santé physique se définissant comme l’état corporel d’un individu, prenant tout en considération, de l’absence de maladie jusqu’au niveau de condition physique). Selon une étude écossaise réalisée au sein de huit villes européennes, le risque d’être atteint d’obésité est inférieur à 40% dans les quartiers disposant d’un ou plusieurs espaces verts.

En outre, se penchant sur le lien entre le végétal et la mortalité, une étude américaine a permis de montrer que les espaces verts seraient un facteur de réduction (40%) des décès prématurés en milieu urbain. En Australie, un sondage postal adressé par des chercheurs (Sugiyama et Al, 2008) à plus de 1000 adultes , a démontré le lien étroit entre perception positive de la santé et la présence de la verdure. Se focalisant sur la relation entre longévité et présence des espaces verts, une étude prospective réalisée par Takano et Al en 2002, au japon, est parvenue à prouver l’impact des espaces verts sur la longévité. Selon les auteurs, la survie augmente de façon significative en fonction de la disponibilité des parcs, des rues bordées d’arbres, des forêts…

En somme, toutes ces études transversales à grande échelle suggèrent une relation positive entre santé autodéclarée et présence des espaces verts. Bien qu’étant insuffisantes pour établir des liens de causalités, ces études peuvent permettre d’affirmer que les espaces verts constituent un facteur prédictif d’une meilleure perception de la santé.

Les espaces verts, des espaces thérapeutiques

Sur tous les territoires du monde, les troubles mentaux sont à l’origine de plusieurs décès précoces et de mauvais états de santé. Le fardeau associé à cette réalité s’est accru de plus d’un tiers entre 1990 et 2010 selon les experts. La nature chronique de certaines maladies mentales ainsi que leur incidence sur la capacité à trouver et à maintenir un emploi à temps plein, constitue un véritable défi pour plusieurs États. Résultant des facteurs biologiques, socio-économiques et environnementaux, les maladies mentales sont au cœur d’une multitude d’études scientifiques.

A cet égard, un ensemble important de travaux de recherche a été colligé afin d’évaluer la résonance des milieux bâtis et naturels sur la santé mentale des populations. L’une des caractéristiques communes à ces milieux, est la présence d’espaces verts. Des études épidémiologiques révèlent que les espaces verts sont associés à une meilleure santé mentale voire une réduction de la dépression.

En 1991, Ulrich et Al développant la théorie de la réduction du stress, ont pu affirmer « qu’une vue de végétation ou l’usage d’un espace d’apparence naturelle susciteraient des émotions positives bloquant les pensées et les émotions négatives et amélioraient ainsi la réponse au stress ». Soutenant une telle réflexion, plusieurs auteurs comme Brown et Al en 2013, considèrent les espaces verts comme des milieux thérapeutiques en raison de leurs capacités à promouvoir le bien-être et à améliorer l’humeur des individus. En outre, des études statistiques dont certaines randomisées, ont démontré que l’exposition à des espaces verts ou à des photographies d’espaces verts participerait à une réduction de la fatigue et du stress (Hartig et Staats, 2006).

Enfin, d’après les études transversales réalisées au Danemark par Nielsen et Hansen en 2007, l’accès et la proximité des espaces verts engendrerait des niveaux de stress moindres. En résumé, ces différentes études mettent en exergue les propriétés réparatrices des espaces verts et leurs capacités à procurer une meilleure santé mentale.

Les espaces verts, geste-barrière contre la pollution de l’air

Le rôle des espaces verts dans la réduction de la pollution de l’air et de l’atténuation de l’exposition est un sujet très complexe en raison des multiples phénomènes à prendre en considération. Globalement, l’ensemble des données empiriques ne suggèrent pas que les espaces verts soient des moyens efficaces pour réduire durablement la pollution de l’air, mais ils peuvent contribuer à atténuer l’exposition des populations à la pollution par différents mécanismes (Markevych et Al, 2017).

Dans une étude réalisée en 2019, des chercheur.es de France à l’instar de Pascal et Al soulignent que la végétation participerait à éliminer certains polluants de l’air, à absorber des polluants gazeux et à piéger les particules nocives pour la santé. De ce fait, une surface foliaire importante se positionne comme une barrière efficiente contre la pollution atmosphérique. En parallèle, Nathalie Röbbel, spécialiste de l’OMS, soutient ces propos en affirmant que l’augmentation du nombre d’espaces verts et de leur qualité est susceptible d’atténuer les polluants atmosphériques à courte durée, responsables de la mort prématurée de 7 millions de personnes chaque année.

En substance, les espaces verts se positionnent comme de véritables moyens de lutte contre la pollution atmosphérique et les effets des changements climatiques.

Sources de réflexion

Takano, T., Nakamura, K. et Watanabe, M. (2002). Environnements résidentiels urbains et la longévité des seniors dans les mégapoles: l’importance des espaces verts piétonniers. J Epidemiol Community Health, vol. 56, non 12, p. 913-918.

Ulrich, R.S., Simons, R.F., et collab. (1991). Récupération du stress lors d’une exposition à la nature et les environnements urbains. Journal of Environmental Psychology, vol. 11, non 3, p. 201- 230.

Roué-Le Gall A., Porcherie M., Deloly C., Jabot F., Thomas M-F. (2019) Des espaces verts urbains favorables à la santé: de la théorie à l’action, p32-34.

Institut National de Santé Publique du Québec, les espaces verts urbain et la santé, Rapport 2011

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Commentaires

jean baptiste kouame
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Merci pour ce blog 😊 !

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Bel article