Usages problématiques des écrans : Quels risques ?

Article : Usages problématiques des écrans : Quels risques ?
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Usages problématiques des écrans : Quels risques ?

La question du lien entre usage excessif des écrans et santé reste très problématique en raison de l’insuffisance études scientifiques et de leur faible niveau de preuve. Cependant bien que des études longitudinales ayant montré un lien causal entre exposition excessive aux écrans et santé font cruellement défaut, l’on ne pourrait réfuter l’idée d’un rapport entre pratiques abusives des écrans et des risques potentiels. Nous vous faisons le point dans cet article.

     A la fin du XXème siècle, on assiste à la révolution des modes de communications, de partage de savoir, de manipulation et de transmission de l’information grâce à l’essor des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Porté par un outil majeur en l’occurrence les écrans, cet essor semble toucher une multitude de secteurs (santé, éducation, la sécurité, le loisir, le droit…) et toutes les générations dans le monde. 

Définis par le Haut Conseil de Santé Publique (France) comme « une interface entre un observateur passif, ou rendu actif et un ensemble infini et permanent d’images, de messages, de connaissances, d’émotions, de mises en relation et de stimulations comportementales», les écrans sont devenus des partenaires indispensables et inséparables des êtres humains. Du Téléviseur aux téléphones portables, passant par les consoles de jeux et les tablettes, les écrans font partie intégrante du quotidien de plusieurs catégories sociales. Une étude récente de We Are Social et Hootsuite en 2021 montre par exemple que le nombre d’utilisateurs de téléphone 5,27 milliard, soit 67% de la population mondiale.

Qu’il s’agisse de besoins d’apprentissages, de communications, d’informations, de mises en réseau, de diversements ou de thérapies, on assiste aujourd’hui à une forme de surexposition voire à des usages problématiques des écrans dans le monde.

Sujet à une multitude d’interrogations, cet usage ne caractérise pas seulement par le nombre d’heures passées devant les écrans, mais il englobe diverses dimensions. Pour l’Institut d’Éducation Médicale et de Prévention, la notion d’usages problématiques des écrans se définit en termes de retentissement sur la vie à savoir l’envahissement des sphères privées et sociales, la perte de contrôle et des conséquences négatives psychosociales. Les chercheurs le résument donc en cinq critères :

  • Un comportement excessif avec une place centrale de l’écran au détriment de toute autre activité, 
  • Une perte de contrôle de la pratique des écrans, 
  • Un sentiment de manque profond et de malaise en cas de déconnexion,
  • Un usage des écrans aux conséquences durable notamment sur le plan social, psychologique, professionnel, éducatif.

Une telle définition pousser à nous interroger sur les différents risques liés à cet usage.

Usages abusifs des écrans et sommeil

Les effets des écrans sur le sommeil sont considérés comme l’un des champs les plus investigués par des recherches, tant sur le plan physiologique que psychologique. Le niveau de preuve associant l’exposition abusive aux écrans et le sommeil (qualité et durée) est élevé (HCSP, 2019). 

    Analysant les résultats de l’enquête du Réseau Morphée réalisée auprès de plus de 2000 collégiens et lycéens franciliens, l’Observatoire Régionale de la Santé (Ile-de-France) a pu observer l’apparition de troubles de sommeil chez élèves liés à des usages conséquentes parfois variés des écrans. On peut lire dans ce rapport publié en 2020, qu’il existerait une corrélation nette entre la durée d’utilisation des écrans et le risque de troubles de sommeil ; et que plus cette durée est élevée, plus cela accroit le risque de trouble de sommeil.

Dans cette même veine, le HCSP ajoute en mentionnant qu’un usage journalier des écrans de plus de 2 heures entraine significativement une latence d’endormissement. 

Pourtant ces effets ne sont pas sans résonance sur la santé. De nombreuses études ont montré que le trouble de sommeil est corrélé à de diverses conséquences notamment une baisse de la perception sensorielle, des troubles de mémoire, des risques de dépression et d’hypertension artérielle etc. 

Surexposition des écrans, paramètres physiques et physiologique

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Selon HCSP, de nombreuses études observent une association entre le temps passé devant les écrans et le surpoids/obésité des enfants et adolescents. En effet, un usage problématique des écrans contribue à accroitre la sédentarité, à réduire le temps consacré aux activités physiques et peut éventuellement favoriser la tendance au grignotage (Mildeca, 2021). Pour HSCP, l’usage excessif des écrans peut être éventuellement responsable de l’augmentation du surpoids. 

    Cette affirmation vient corroborer les résultats de l’étude effectuée par l’Institut de Barcelone auprès de plus de 1000 enfants âgés de 4 à 7 ans. Cette étude a permis de voir qu’une forte exposition des écrans à l’âge de 4 ans est susceptible d’accroitre le risque de surpoids, d’obésité et de syndrome métabolique à l’âge de 7 ans. 

    Abordant la question de la sédentarité et du temps passé devant les écrans, une analyse récente des résultats de l’Initiative pour la Surveillance de l’Obésité Infantile (COSI) de l’OMS publié en 2020 souligne ceci : « Le temps passé à l’utilisation d’appareils à écran aggrave le comportement sédentaire, lui-même associé à une consommation plus importante de snacks, de boissons et de repas rapides à forte densité énergétique, et à un apport énergétique global plus élevé ». 

Des effets sur les fonctions cognitives, langagières et la santé mentale ?

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    L’analyse de la littérature sur les effets des écrans sur les fonctions cognitives, langagières et la santé mentale sont majoritairement en contradiction. Si certains observent des effets négatifs sur l’acquisition du langage par exemple, d’autres perçoivent les écrans comme des facteurs d’amélioration de l’apprentissage. Bien qu’il parait infondé de nier l’existence d’un lien entre développement des outils numériques, apprentissage et développement de comportements de santé, il n’en reste pas moins vrai qu’un usage problématique pourrait conduire à conclure actuellement dans un autre sens. Se fondant par exemple sur certaines études, la Mildeca souligne que « les enfants surexposés aux écrans ont plus de risques de souffrir d’un retard de langage que les autres ».

Dès lors une exposition précoce aux écrans des très jeunes enfants, aux premiers mois de vie, est une distraction qui pourrait avoir des conséquences sur leur développement cognitif. 

 

Surexposition aux écrans facteur d’inattention ?

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Les études portant sur l’association entre l’exposition aux écrans et l’inattention se réfèrent plus au trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Le TDAH est un diagnostic reconnu par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié par l’Association Américaine de Psychiatrie. Il se définit comme un trouble neurologique présentant notamment des caractéristiques comme le manque d’attention, les comportements impulsifs et l’hyperactivité. 

Même si les résultats des recherches sur le lien entre exposition aux écrans et trouble du déficit d’attention sont relativement disparates et n’établissent aucun lien de causalité, il est important de mentionner que certaines études ont conduit à des constats de l’existence de liens significatifs.

Suchert, Hanewinkel et Isensee en dans 2015 dans leur ouvrage « Sedentary behavior and indicators of mental health in school-aged children and adolescents : a systematic review » indiquent qu’un temps important passé devant les écrans est un prédicteur significatif de l’apparition de problème d’inattention/hyperactivité. En effet, devant un écran, les usagers sont exposés à plusieurs stimulus mobilisant leur attention ( Shanoor et Romina, 2020). Cette importante stimulation engendre un épuisement de l’ensemble du système attentionnel et se réalise au détriment de la concentration et de l’attention volontaire. 

Dans la même lignée des études expérimentales amènent à l’hypothèse selon laquelle le débit élevé des stimulus présents sur un écran conduirait à des problèmes d’attention et à une augmentation de l’impulsivité (Christakis et al, 2018). 

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Commentaires

Kouadio Konan Henri
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J'avoue que j'apprécie cette étude sur les usages problématiques des écrans.
Les risques sont visibles mais presque tout le monde n'y prête point garde.
Aujourd'hui avec l'ère du numérique, nous sommes plongés dans ce qu'on appelle le "coconing téléphonique", on a l'impression d'être tous dans un cocon, on ne peut vivre un seul instant sans toutefois utiliser son téléphone à telle enseigne qu'on se demande si vraiment l'on pourrait vivre sans son téléphone ?
Je trouve cet article pertinent en ce sens qu'il vient apporter une connaissance nouvelle dans le domaine de la santé publique. Toutefois, quels sont les apports des spécialistes de la santé publique pour résoudre cette problématique ?