PRÉVALENCE ET MORTALITÉ IMPUTÉES A LA COVID-19 : POURQUOI CETTE DISPARITÉ ENTRE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET L’EUROPE

28 janvier 2021

PRÉVALENCE ET MORTALITÉ IMPUTÉES A LA COVID-19 : POURQUOI CETTE DISPARITÉ ENTRE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET L’EUROPE

La fin de l’année 2019 est marquée par l’apparition d’un nouveau coronavirus dont l’appellation scientifique est CoronaVIrus Disease-2019 (COVID-19). Émergent au cœur de l’espace chinois, ce virus connait une propagation exceptionnelle et exponentielle au point de devenir une pandémie en quelques mois. Cette situation va contraindre la majorité des pays à édicter un ensemble de mesures coercitives dans le but de préserver la santé de leurs populations. Cette vague de mesures avec ses corollaires de fermetures des frontières, de gestes barrières, de confinements, de couvre-feu ont été au centre des actions politiques dans l’ensemble des continents. En attendant des évaluations solides et pertinentes de l’impact de ces mesures gouvernementales dans le monde, un premier constat peut être fait sur les chiffres en termes de contamination, de prévalence et de mortalité imputées à la COVID-19. Alors que des experts promettaient un désastre sans précédent en Afrique subsaharienne, contre toutes attentes cette région du continent africain semblent résister à la Covid-19, en connaissant des taux de mortalité et de prévalence inférieurs à ceux de l’Europe (OMS, 2020). Si pour certains, cet exploit relève d’un miracle divin, cet article se focalisera essentiellement sur deux facteurs en l’occurrence la démographie et la mobilité pour tenter d’expliquer cette disparité entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe. 

Le poids de l’âge dans la différenciation des chiffres

La récente étude « OpenSAFELY », menée par le collectif de chercheurs de l’université d’Oxford et de la London School of Hygiene and Tropical Medecine en 2020 auprès de 17,4 millions de Britanniques, place l’âge comme le premier facteur de risque du coronavirus loin des autres paramètres que sont l’obésité, le diabète mal contrôlé  et le cancer. De tels résultats sont à mettre en lien avec le rapport publié en mai 2020 sur le site du ministère français des Solidarités et de la Santé. Selon les experts de cette organisation gouvernementale, les personnes susceptibles de développer des formes graves du coronavirus, seraient les personnes de 65 ans et plus. Ces deux études conduisent à nous interroger sur le profil démographique de l’Afrique Subsaharienne et de l’Europe dans l’optique de justifier cette disparité de la mortalité et de la prévalence imputées à la Covid-19. Contrairement à l’Europe qui se caractérise par un taux de vieillissement de 19,7 % (Insee, 2020), l’Afrique Subsaharienne connait un faible taux de vieillissement, parfois de 3% dans certains pays (OMS, 2020). Ce faible taux de vieillissement ajouté à une population jeune estimée à plus 62% (Moins de 25 ans, Vie Public France) font de l’Afrique Subsaharienne, une zone où les taux de prévalence, de mortalité et de létalité imputés à la covid-19, sont parmi les plus faibles au monde. Cette disparité au niveau du profil démographique semble être à la base de la différence des taux de prévalence et de mortalité imputés à la Covid-19 entre l’Afrique Subsaharienne et l’Europe.

Des systèmes déplacements différents

Partant du principe que l’homme est le vecteur de transmission de la Covid-19, il parait intéressant de prendre en compte la mobilité dans l’explication des différences de prévalence et de mortalité entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe. Si l’Europe est un continent où système de transport reste très développé, l’Afrique subsaharienne en revanche à l’exception de l’Afrique de Sud, est encore à la traine en matière de mobilités et déplacements dynamiques. Dans cette région du monde, on assiste globalement à une faible connexité intra et interrégionale par rapport à l’Europe, à des difficultés de déplacement en raison du mauvais état des routes, à la caducité du réseau routier, à l’insuffisance des infrastructures de transport etc. De tels retards dans le domaine du transport place cet espace loin derrière l’Europe en termes de déplacement journalier par habitant. Une telle réalité pourrait expliquer ce faible taux de prévalence et de contagiosité en Afrique Subsaharienne. En se fondant sur la vision du sociologue Bruno Marzaloff stipulant que la mobilité « a été le super propagateur du virus », on peut affirmer que cette différence de déplacement journalier par habitant entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, semble jouer sur les écarts de contagiosité et de prévalence, en constituant par ailleurs un véritable facteur de disparité.

Source de réflexion

https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019

https://www.insee.fr

https://www.vidal.fr/actualites/24945-etude-opensafely-sur-les-facteurs-de-risque-de-mortalite-dans-la-covid-19-resister-a-l-erreur-du-tableau-2.html

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