Jeux Olympiques Paris 2024 : La santé mentale des athlètes, la médaille la plus prisée de la compétition ?

Article : Jeux Olympiques Paris 2024 : La santé mentale des athlètes, la médaille la plus prisée de la compétition ?
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17 juillet 2024

Jeux Olympiques Paris 2024 : La santé mentale des athlètes, la médaille la plus prisée de la compétition ?

Trois ans après les JO de Tokyo marqués par le craquage en direct de la superstar américaine de la gymnastique Simone Biles suivi de son forfait de toutes les épreuves de la compétition, la question de la santé mentale des athlètes sort peu à peu du classique des non-dits…

Sur le plan mondial, c’est près d’un athlète sur trois qui présente des symptômes de maladie mentale selon Marion Leboyer, psychiatre et directrice générale de la FondaMental, une fondation de coopération scientifique.  Cette déclaration vient corroborer les études antérieures qui mettaient déjà en exergue des problématiques majeures de santé mentale. 33,6% des athlètes ont notamment déjà présenté des signes d’anxiétés et 49% des olympiens ont souffert, au moins une fois, de troubles du sommeil. 

Longtemps resté tabou, le sujet de la santé mentale est aujourd’hui au cœur de la prise de parole de nombreuses et nombreux athlètes. Perrine Laffont, championne olympique de ski à bosse, évoquait ses épisodes de dépression dans les colonnes de 20 minutes : « Le premier symptôme, c’est le dégoût de son sport. Le cerveau a assimilé sport à souffrance et compétition à stress. Après, vient la perte d’appétit, de poids, d’envie… Tu as l’impression que ta vie n’a plus de sens et tu finis par te dire « mais au fond quel est l’intérêt de continuer à vivre ? » 

Perrine Laffont au championnat du Monde en 2015 / Crédit : Wikimedia Commons

Le plus titré des Jeux Olympiques, le nageur américain Michael Phelps affirmait en 2022 à la maison de la Radio à Paris : « Je fais face à la dépression et à l’anxiété presque tous les jours ». 

Il est rejoint par Hugo Boucheron, rameur et champion olympique qui en 2023 déclarait ceci : « On se retrouve sans rien, tout est fade. Et là arrivent les questions existentielles de la vie, c’est là où ça craint. Pourquoi je fais tout ça ? Ça sert à quoi de vivre ? Si, à ce moment-là, on n’arrive pas à être lucide sur la situation, que l’on n’appelle pas à l’aide, on peut faire des bêtises »

Ces différents témoignages corrélés aux chiffres précédemment évoqués interrogent les actions mises en place par les organisations et les politiques pour préserver la santé mentale des athlètes à l’approche des Jeux Olympiques de Paris qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024. 

Les Jeux Olympiques 2024 à Paris

Autour de 28 sports olympiques, avec la présence de 206 nations et 10 500 athlètes, la France métropolitaine accueillera, entre le 26 juillet et 11 août 2024, un grand évènement que sont les Jeux Olympiques, symbole de diversité et d’universalité.

Paris 2024, organisme chargé de la bonne tenue de ce rendez-vous international, s’est fixé comme ambition : des jeux ambitieux, ouverts à la participation de chacun, mais aussi plus responsable, plus durables, plus solidaires et plus inclusifs.

L’un des défis à relever pour rendre cet évènement inoubliable et unique contrairement à celui de Tokyo, c’est la préservation de la santé mentale des athlètes. Mais alors quelles mesures ont été prises par les fédérations et par Paris 2024 afin de donner aux compétiteurs le mental nécessaire à l’obtention d’une pléthore de médailles.

Une pression moins forte pour les athlètes

Contrairement à cette tendance qui vise à privilégier l’obtention massive des médailles, certains pays dans une quête de diminuer la pression, mais également de préserver la santé de leurs athlètes ont décidé de renoncer à mettre en avant le nombre de médailles visé aux Jeux Olympiques.

Sportifs en train de s’étirer / Crédit : Pexels

Par exemple, Mitsugi Ogata, directeur exécutif du comité olympique japonais, que les objectifs du Japon ont considérablement changé depuis les Jeux de Tokyo. Il souligne l’importance des médailles à obtenir, mais en précisant que les défis personnels des athlètes et leur santé mentale doivent être davantage valorisés.

Cette vision est partagée par l’Australie qui a annoncé par le biais d’Anne Meares, porte-drapeau de la délégation Australienne : ne pas se donner d’objectif de médailles pour les jeux de Paris. Elle précise que grâce à cela, on assistera à une baisse de pressions des athlètes australiens.

Même si cela n’est pas encore généralisé, il est important de souligner que ces mesures participeront à promouvoir le bien-être et la santé mentale de leurs athlètes dans un contexte où la pression atteint des proportions exponentielles.

La présence de psychologues

Partant du principe que l’équilibre psychologique des athlètes mérite une attention particulière, plusieurs mesures sont mises en place dans le cadre des Jeux de Paris 2024. Au nombre de ces mesures ou dispositifs mis en place, on peut citer l’accompagnement psychologique des athlètes. En effet, depuis le mois de juin, une ligne dédiée à l’accompagnement psychologique des sportifs reliée à « Mon soutien Psy » a été mise en place pour répondre en temps réel aux besoins, difficultés et attentes des compétiteurs.

Sportive avec son coach mental / Crédit : Julia Larson Pexels

L’équipe olympique française bénéficiera de trois psychologues, des « welfare officers » et d’un « safeguarding officer » pour garantir et préserver le bien-être de ses sportifs.  

Une lutte contre le cyberharcèlement

Conscient des impacts néfastes du cyberharcèlement en l’occurrence l’altération du sommeil, l’anxiété et la dépression, les autorités françaises et le Comité International Olympique se sont donnés comme mission la sécurité mentale des athlètes par la préservation, voire la protection contre le cyberharcèlement.

Pour ce faire, ces deux institutions vont mettre en place des dispositifs capables de retirer en temps réel et dans plus 35 langues et dialectes, les messages hostiles des comptes sociaux des athlètes ainsi que des entraineurs et des officiels. L’objectif d’une telle mesure est de supprimer les contenus abusifs avant une potentielle lecture.  

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