Quand les problématiques de santé s’invitent à la CAN 2O21…

Article : Quand les problématiques de santé s’invitent à la CAN 2O21…
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20 janvier 2022

Quand les problématiques de santé s’invitent à la CAN 2O21…

Parler de la CAN 2021 sans évoquer la dimension de la santé s’apparente à rouler un véhicule sans frein. Avez-vous pensez aux dégâts que cela causerait ? Alors pour les éviter, nous invitons au travers de cette réflexion à comprendre le rapport entre santé et la 33ème édition de la CAN.

Depuis le 9 janvier 2022, le continent africain vibre au rythme de sa plus grande et prestigieuse compétition sportive, à savoir la Coupe d’Afrique des Nations de football. Au cœur de l’Afrique centrale et plus précisément au Cameroun, cette 33ème édition de la CAN réunie 24 pays provenant des diverses parties du territoire africain et promet de beaux spectacles. Cet événement festif, c’est aussi le lieu d’un foisonnement d’articles sur une panoplie de thématiques en rapport avec les matchs, les interviews, les conférences de presse, les entrainements, etc. Comme à l’accoutumée, la majorité des articles publiés se concentrent sur le décryptage des rencontres ou des conférences de presse. D’autres abordent l’aspect purement économique, politique ou social de cette compétition en occultant une dimension importante en l’occurrence la santé.

Mettre en relation santé et CAN 2021 pourrait paraitre évident quand on la résume au champ biomédical, notamment aux différentes blessures des joueurs ou encore aux potentiels problèmes cardiaques. Pourtant, la définition de la santé proposée par la Charte d’Ottawa, pousse à analyser le rapport CAN et Santé autrement. Alors, à travers cet article, nous vous proposerons une réflexion axée sur une autre vision du rapport CAN 2021 au Cameroun et Santé.

CAN et Vaccination : quel rapport ?

L’apparition de la Covid-19 à la fin de l’année 2019 a conduit à la modification de plusieurs protocoles des événements sportifs afin de garantir et promouvoir la santé des participants. A l’instar des récentes messes sportives dans le monde (Euro 2020, Ligue des Champions…), le déroulement de la CAN est soumis à plusieurs mesures sanitaires, notamment les jauges de 60% appliquées dans les stades, les tests covid et un schéma vaccinal complet. Pourtant, une telle situation n’est pas sans résonances aux regards des préjugés de la plupart des personnes vivant en Afrique, sur le virus et en particulier, sur la vaccination contre la Covid-19.

Le début de la compétition au Cameroun est marquée par des stades peu remplis voire quasiment vides malgré les différentes politiques incitatives mises en place par le gouvernement. Plusieurs rencontres se sont déroulées dans des ambiances assez moroses, entachant ainsi la dimension « sucrée » de cette CAN.

L’une des principales raisons de cette faible participation demeure la vaccination, selon un certain nombre de personnes. Contrairement au gouvernement camerounais qui voyait en la CAN un facteur accélérateur du taux de vaccination, il faut souligner que cette mesure sanitaire a impacté l’engouement et la motivation des supporteurs.

Au micro de RFI, un supporter a affirmé ceci : « Je ne vais pas au stade à cause du vaccin. Dans les pays d’où proviennent ces vaccins, les gens sont obligés de prendre trois doses, et même ceux qui sont vaccinés meurent. Alors non, je ne le ferai pas « . Toujours dans cette veine, un autre supporter déclare ceci : «  la vaccination pas questionMême si tu rajoutes miss Cameroun, je n’y vais pas« .

De telles affirmations montrent sans ambages les conséquences des mesures sanitaires, plus spécifiquement de la vaccination, sur l’organisation et le déroulement de cette compétition remarquable.

La Covid-19, une invité surprise à la CAN 2021 ?

Ramasseur de balle assis sur le terrain, ses bras entourant ses genoux
Ramasseur de balle assis derrière le filet de but lors de la finale du tournoi de football du district de Mogadiscio entre les districts de Waaberi et de Shibis, dans la soirée du 24 septembre 2018.

A l’opposé des éditions précédentes, la CAN de 2021 au Cameroun se déroulent dans des conditions très particulières. Outre les différents vides observés dans les stades, les mesures sanitaires strictes, les blessures et les restrictions de voyage touchant certains footballeurs, cette compétition est touchée par un nombre important de cas positif à la Covid-19. Affectées par cette situation, de nombreuses équipes se voient dans l’obligation de repenser à l’improviste la composition de leurs effectifs sans préparation au préalable.

Parmi ces équipes, on peut éventuellement citer la Tunisie. En effet, à la veille de sa confrontation à la Gambie, les Aigles du Carthage ont dû se passer de douze précieux joueurs et notamment de leur capitaine, Wahbi Khazri testé positif à la Covid-19.

A cet exemple, on pourrait ajouter le cas de l’équipe du Sénégal qui, en début de compétition a été privée des joueurs importants comme le meilleur gardien FIFA 2021 Edouard Mendy, Kalidou Koulibaly de Naples et Famara Dhiédiou d’Alanyaspor, en Turquie.

Enfin, l’une des situations marquantes de cette CAN reste l’absence des deux stars gabonaises à savoir Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina, testés positifs avant le premier match contre l’équipe de Comores. A la différence des autres cas testé positifs, ces deux joueurs conserveraient quelques traces de la Covid-19 selon un IRM. Dans une conférence de presse, le sélectionneur de l’équipe gabonaise indique ceci : « Vu le souci médical que Pierre-Emerick [Aubameyang] et Mario [Lemina] ont rencontré, en accord avec le docteur, mon président de fédération et les joueurs, on a pris la décision sage de les faire rentrer dans leurs clubs afin qu’ils puissent se soigner et être pris en charge« .

Si l’on s’attendait à voir seulement 24 équipes dans cette CAN 2021, il important de souligner la présence d’une invitée surprise, qu’est la Covid-19.

La chaleur, un autre adversaire pendant la CAN 2021 ?

Thermomètre au soleil
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Au cœur d’un climat tropical, les différentes équipes sont confrontées pendant cette CAN à un autre adversaire : la chaleur. À bout de souffle, le front dégoulinant de sueur, les corps ruisselants, les tenues imbibées et les visages rougis de certains joueurs. Parfois pliés en deux ou allongés sur l’herbe, la chaleur semble avoir une forte incidence sur la dimension physiologique et mentale des joueurs, des sélectionneurs, voire des arbitres.

L’un des faits de cette incidence reste les deux coups de sifflet anticipés de l’arbitre zimbabwéen, Janny Sikazwe, lors du match qui opposait le Mali à la Tunisie. Si pour plusieurs cela s’inféode à du vol ou de la forfaiture, il important d’affirmer que le patron des arbitres du football africains ne le voit pas ainsi. En effet, pour Essam Abdel-Fatah, cette erreur d’arbitrage est la conséquence d’un problème de santé dû à la chaleur et en particulier, à l’insolation dont a été victime le Zimbabwéen.

Même si cette justification ne semble apaiser les Tunisiens, nous ne pouvons en aucun cas nier l’existence d’un rapport entre chaleur extrême et santé. En effet, dans un rapport publié en 2019 sur le site de l’Institut National de Recherche et de Sécurité, les experts révèlent un lien très étroit entre exposition à la chaleur et santé des populations. Dans ce rapport les auteurs montrent que l’exposition à la chaleur peut être à l’origine, chez un individu, d’effets sur la santé qui peuvent être graves, tels que des crampes, la déshydratation ou l’épuisement.

Il permet également de comprendre la difficulté qu’ont les différents joueurs évoluant en Europe à être plus productifs et décisifs.

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