Quand notre environnement peut nous rendre obèses

Article : Quand notre environnement peut nous rendre obèses
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20 avril 2022

Quand notre environnement peut nous rendre obèses

La question de l’obésité constitue une véritable préoccupation d’un ensemble d’experts et de chercheurs. Plusieurs études se sont fondées sur des facteurs comme le comportement alimentaires, les dimensions génétiques et psychologiques pour expliquer ce problème de santé. Pour autant, ces facteurs semblent ne pas suffirent pour comprendre au mieux la problématique de l’obésité. Alors dans cet article, nous vous présenterons un autre facteur déterminant de l’obésité.

Définie comme une accumulation anormale ou excessive de la graisse, l’obésité fait partie des préoccupations majeures de santé publique dans le monde. En 2017, une étude sur la charge mondiale de la morbidité a montré que plus de 4 millions de personnes mourraient chaque année des suites d’obésité, soulignant ainsi les proportions endémiques de ce problème de santé.

Associée à une augmentation des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, des troubles de sommeil, de plusieurs cancers, de problèmes articulaires et de difficultés respiratoires, la question de l’obésité a suscité l’intérêt d’un bon nombre de chercheurs. Pour définir les causes de cette maladie, la majorité des études s’est appuyée sur des facteurs alimentaires (des excès d’apports caloriques, le grignotage…), des facteurs génétiques, des facteurs psychologiques (situation de détresse ou de stress…) et des facteurs physiques (la sédentarité), occultant ainsi une dimension importante en l’occurrence l’environnement. L’obésité n’est pas seulement la résultante des facteurs précités en amont, mais elle est aussi la conséquence de l’environnement dans lequel vivent les populations. Dans cet article, nous essayerons de vous montrer le lien entre environnement et développement de l’obésité. Mais avant, comment calculer sa masse corporelle ?

Comment calculer sa masse corporelle ? 

Pour évaluer la corpulence d’un individu, l’Organisation mondiale de la santé a créé un indicateur communément appelé « Indice de Masse Corporelle » (IMC). Cet indice permet de déterminer si une personne est en situation de maigreur, de surpoids ou d’obésité. Il se calcule en divisant le poids (kg) par le carré de la taille (cm). A cet effet, un IMC normal se situe entre 18.5 et 25. Pour les personnes obèses, l’IMC est supérieur à 29. Alors, en lien avec notre sujet, quel lien existe entre environnement et développement de l’obésité ? 

Le cadre de vie, un facteur d’obésité

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Pour montrer le lien existant entre le cadre de vie et l’obésité, certains chercheurs utilisent ce dicton : «Dis-moi où tu résides, et je te dirai combien tu pèses». Cette pensée souligne l’influence du milieu de vie sur la masse corporelle des populations qui y résident. Elle vient témoigner d’une relation apparente entre le cadre de vie et le développement de l’obésité.

De cette relation découle une double constatation. D’une part, il faut dire que de nombreuses études notamment celles menées aux États-Unis et au Royaume-Uni en 1999 révèlent que les banlieues populaires et les zones rurales favoriseraient davantage la croissance du taux d’obésité. En effet, ces zones caractérisées par une offre alimentaire peu dense, une difficulté d’accès à une alimentation saine et le développement des produits ultra-transformés, concentrent les plus hauts indices de masse corporelle.

D’autre part, évoquer la relation entre développement d’obésité et cadre de vie, c’est aussi faire référence à l’environnement bâti. Dans un article publié en 2010, Stefan Reyburn mettait en évidence l’influence de l’environnement bâti sur la masse corporelle. Pour lui, les territoires ne disposant pas d’équipements (sportifs, de loisirs, des pistes cyclables, voie piétonnière, l’art mural…) seraient susceptibles d’enregistrer un nombre élevé de cas d’obésité. 

Obésité et précarité : une paire ? 

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Plusieurs études s’accordent à placer le comportement alimentaire en l’occurrence le choix des aliments comme premier responsable de l’obésité. Cette vision, bien que n’étant pas totalement erronée, elle escamote un déterminant majeur des choix d’aliments à consommer. Parler d’obésité sans mentionner la question de la situation socio-économique, s’arrimerait à occulter un problème majeur. En effet, la situation économique telle que la précarité joue un rôle décisif dans le développement de l’obésité sur un territoire. Selon l’enquête Obepi de 2012, l’obésité est près de deux fois plus importante dans les catégories sociales les plus défavorisées que chez les cadres supérieurs. 

Dans la même veine, l’incapacité à se procurer des aliments sains et variés en raison de leurs prix onéreux, accroîtraient davantage la possibilité de ces groupes sociaux défavorisés à développer une masse corporelle allant au delà du seuil normal. Allant dans cette même lancée, l’OMS à l’issue de son rapport publié en 2019 a affirmé : «Les enfants en surpoids ou obèses vivent dans les pays en développement où le taux de progression de ces phénomènes est supérieur de de 30% à celui des pays développés». Cette affirmation vient confirmer l’idée d’une relation entre précarité et développement de l’obésité dans le monde. 

L’obésité et l’environnement socio-culturel 

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Pour comprendre finement le développement de l’obésité dans certains territoires, il est également nécessaire d’étudier l’environnement socio-culturel. Déterminant en partie nos représentations autour de l’alimentation, nos savoir-faire et connaissances, nos pratiques et nos préférences, l’environnement socio-culturel est un indicateur qui permet de cerner les individus dans leurs choix alimentaires. 

Des recherches en sciences sociales à l’instar de de celle de Faustine Régnier (2011) démontrent que les groupes sociaux n’ont pas les mêmes pratiques de consommations face à une offre alimentaire variée. A travers cette étude, elle révèle que les personnes de milieu modeste valorisent beaucoup moins les recommandations nutritionnelles que les personnes aisées, non seulement en raison de leur coût élevé, mais à cause de la perception qu’elles ont de la « bonne alimentation« . 

Cette situation est à la base de comportements alimentaires parfois responsables du développement de l’obésité dans ces milieux modestes. Elle justifie par ricochet que la question de la motivation à adopter une habitude alimentaire socialement reproduite, doit être prise en compte dans les réflexions sur les déterminants de l’obésité. 

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