Timothé ATTIA

Jeux Olympiques Paris 2024 : La santé mentale des athlètes, la médaille la plus prisée de la compétition ?

Trois ans après les JO de Tokyo marqués par le craquage en direct de la superstar américaine de la gymnastique Simone Biles suivi de son forfait de toutes les épreuves de la compétition, la question de la santé mentale des athlètes sort peu à peu du classique des non-dits…

Sur le plan mondial, c’est près d’un athlète sur trois qui présente des symptômes de maladie mentale selon Marion Leboyer, psychiatre et directrice générale de la FondaMental, une fondation de coopération scientifique.  Cette déclaration vient corroborer les études antérieures qui mettaient déjà en exergue des problématiques majeures de santé mentale. 33,6% des athlètes ont notamment déjà présenté des signes d’anxiétés et 49% des olympiens ont souffert, au moins une fois, de troubles du sommeil. 

Longtemps resté tabou, le sujet de la santé mentale est aujourd’hui au cœur de la prise de parole de nombreuses et nombreux athlètes. Perrine Laffont, championne olympique de ski à bosse, évoquait ses épisodes de dépression dans les colonnes de 20 minutes : « Le premier symptôme, c’est le dégoût de son sport. Le cerveau a assimilé sport à souffrance et compétition à stress. Après, vient la perte d’appétit, de poids, d’envie… Tu as l’impression que ta vie n’a plus de sens et tu finis par te dire « mais au fond quel est l’intérêt de continuer à vivre ? » 

Perrine Laffont au championnat du Monde en 2015 / Crédit : Wikimedia Commons

Le plus titré des Jeux Olympiques, le nageur américain Michael Phelps affirmait en 2022 à la maison de la Radio à Paris : « Je fais face à la dépression et à l’anxiété presque tous les jours ». 

Il est rejoint par Hugo Boucheron, rameur et champion olympique qui en 2023 déclarait ceci : « On se retrouve sans rien, tout est fade. Et là arrivent les questions existentielles de la vie, c’est là où ça craint. Pourquoi je fais tout ça ? Ça sert à quoi de vivre ? Si, à ce moment-là, on n’arrive pas à être lucide sur la situation, que l’on n’appelle pas à l’aide, on peut faire des bêtises »

Ces différents témoignages corrélés aux chiffres précédemment évoqués interrogent les actions mises en place par les organisations et les politiques pour préserver la santé mentale des athlètes à l’approche des Jeux Olympiques de Paris qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024. 

Les Jeux Olympiques 2024 à Paris

Autour de 28 sports olympiques, avec la présence de 206 nations et 10 500 athlètes, la France métropolitaine accueillera, entre le 26 juillet et 11 août 2024, un grand évènement que sont les Jeux Olympiques, symbole de diversité et d’universalité.

Paris 2024, organisme chargé de la bonne tenue de ce rendez-vous international, s’est fixé comme ambition : des jeux ambitieux, ouverts à la participation de chacun, mais aussi plus responsable, plus durables, plus solidaires et plus inclusifs.

L’un des défis à relever pour rendre cet évènement inoubliable et unique contrairement à celui de Tokyo, c’est la préservation de la santé mentale des athlètes. Mais alors quelles mesures ont été prises par les fédérations et par Paris 2024 afin de donner aux compétiteurs le mental nécessaire à l’obtention d’une pléthore de médailles.

Une pression moins forte pour les athlètes

Contrairement à cette tendance qui vise à privilégier l’obtention massive des médailles, certains pays dans une quête de diminuer la pression, mais également de préserver la santé de leurs athlètes ont décidé de renoncer à mettre en avant le nombre de médailles visé aux Jeux Olympiques.

Sportifs en train de s’étirer / Crédit : Pexels

Par exemple, Mitsugi Ogata, directeur exécutif du comité olympique japonais, que les objectifs du Japon ont considérablement changé depuis les Jeux de Tokyo. Il souligne l’importance des médailles à obtenir, mais en précisant que les défis personnels des athlètes et leur santé mentale doivent être davantage valorisés.

Cette vision est partagée par l’Australie qui a annoncé par le biais d’Anne Meares, porte-drapeau de la délégation Australienne : ne pas se donner d’objectif de médailles pour les jeux de Paris. Elle précise que grâce à cela, on assistera à une baisse de pressions des athlètes australiens.

Même si cela n’est pas encore généralisé, il est important de souligner que ces mesures participeront à promouvoir le bien-être et la santé mentale de leurs athlètes dans un contexte où la pression atteint des proportions exponentielles.

La présence de psychologues

Partant du principe que l’équilibre psychologique des athlètes mérite une attention particulière, plusieurs mesures sont mises en place dans le cadre des Jeux de Paris 2024. Au nombre de ces mesures ou dispositifs mis en place, on peut citer l’accompagnement psychologique des athlètes. En effet, depuis le mois de juin, une ligne dédiée à l’accompagnement psychologique des sportifs reliée à « Mon soutien Psy » a été mise en place pour répondre en temps réel aux besoins, difficultés et attentes des compétiteurs.

Sportive avec son coach mental / Crédit : Julia Larson Pexels

L’équipe olympique française bénéficiera de trois psychologues, des « welfare officers » et d’un « safeguarding officer » pour garantir et préserver le bien-être de ses sportifs.  

Une lutte contre le cyberharcèlement

Conscient des impacts néfastes du cyberharcèlement en l’occurrence l’altération du sommeil, l’anxiété et la dépression, les autorités françaises et le Comité International Olympique se sont donnés comme mission la sécurité mentale des athlètes par la préservation, voire la protection contre le cyberharcèlement.

Pour ce faire, ces deux institutions vont mettre en place des dispositifs capables de retirer en temps réel et dans plus 35 langues et dialectes, les messages hostiles des comptes sociaux des athlètes ainsi que des entraineurs et des officiels. L’objectif d’une telle mesure est de supprimer les contenus abusifs avant une potentielle lecture.  


Le manque de sommeil : Entre conséquences et solutions

C’est la journée mondiale du sommeil, nous proposons une infographie sur les conséquence d’un manque de sommeil et quelques solutions pour éviter les risques associés.

Le sommeil représente l’un des enjeux majeurs des politiques de prévention dans le monde. Elément déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation de nos capacités cognitives, le sommeil semble occuper une place secondaire dans le quotidien de plusieurs personnes. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce phénomène qui n’est pas sans conséquences pour la santé humaine :

  • Les contraintes professionnelles, sociales familiales : Le surmenage, le stress, les lourdes charges de travail, les heures de sommeil tardives peuvent perturber le rythme de sommeil et entrainer des manques de sommeil ou de mauvaises qualités.
  • Des mauvaises habitudes quotidiennes : Une consommation excessive d’excitants (café, thé, colas, cigarette, alcool…), une hyper-connectivité (a priori les soirs) ou encore des activités sportives en fin de journée sont susceptibles d’impacter et retarder l’endormissement.
  • Le facteur environnemental : Les environnements bruyants, d’une lumière trop vive (appareil en veille, lumières des lampadaires dans la rue…), ou encore d’une température trop élevée ou trop basse pourraient altérer la qualité du sommeil.

Comme nous l’avons succinctement évoqué en amont, de telles situations ont une incidence significative sur la santé à la fois mentale, sociale et physique des individus. Ainsi, pour écho à la journée mondiale du sommeil qui aura lieu le 17 mars, nous proposons une infographie sur les conséquences d’une mauvaise qualité de sommeil, mais surtout comment améliorer son rythme de sommeil.

Les conséquences d’une mauvaise qualité de sommeil

Quelques solutions pour améliorer sa qualité de sommeil

Réalisée par Timothé ATTIA. Image prise sous shutterstock.


Les jeux d’argent et de hasard : Quels risques ?

Les jeux d’argent et de hasard (JAH) sont depuis quelques décennies ancrés dans le quotidien de plusieurs jeunes. Emplis d’une grosse espérance de gain, ils sont nombreux à ignorer les risques associés à la pratique répétée et continue de ces jeux. Alors comme une sonnette d’alarme, cet article vous propose une serie de témoignages sur les risques des JAH.

Les jeux d’argent et de hasard (JAH) sont définis comme « toutes opérations offertes au public, sous quelque dénomination que ce soit, pour faire naître l’espérance d’un gain qui serait dû, même partiellement, au hasard et pour lesquelles un sacrifice financier est exigé de la part des participants ». Ils comprennent donc : les jeux de tirage, les jeux de grattage, les paris sportifs, les jeux de casino, le poker, des paris hippiques etc.

Depuis quelques décennies, avec l’avènement des jeux d’argent en ligne, cette pratique connaît une progression fulgurante. La libération des jeux d’argent, le manque de régulation, les différentes stratégies marketing déployées par les industries de jeux et l’apparition de nouvelles entreprises et modes de jeux sont les moteurs de la croissance de cette pratique qui touche toutes les catégories d’âges.

Si les bénéfices économiques de l’industrie du jeu et ses retombés en termes d’emploi sont connus, il en demeure pas moins que l’impact de la pratique des JAH sur les individus et leurs proches peut être considérable. De nombreuses conséquences notamment financières (endettement, surendettement…), relationnelles et familiales (séparation, isolement…), professionnelles (perte d’emploi…), psychologiques (dépression, anxiété…) ou encore physiques (dénutrition, suicide, consommation des produits psychoactifs…) peuvent découler d’une telle pratique.

Dans ce billet, nous vous proposons une série de témoignages sur les risques associés à la pratique des jeux d’argent et de hasard.

JAH, risque de problèmes mentaux

La pratique excessive des jeux d’argent et de hasard peut avoir une résonance importante sur notre santé mentale avec l’accroissement des risques de dépression, des phénomènes d’anxiété, de perte d’estime de soi ou des idées suicidaires.

sosjoueurs.org
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JAH, risque de difficultés financières

Au delà de ce premier niveau de risque, il est important de souligner qu’une pratique non contrôlée des JAH peut conduire à de véritables problèmes financiers allant jusqu’au surendettement.

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JAH, risque de dépendance

Comme c’est le cas des substances psychoactives, la pratique des jeux d’argent et de hasard ouvre la voie à l’entrée dans une forme de dépendance comportementale. Elle plonge le joueur dans une spirale de dépendance avec un espoir de toucher le jackpot.

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La téléconsultation : une solution pour lutter contre les déserts médicaux en Afrique subsaharienne ?

Face aux difficultés d’accès aux soins assez vivaces en Afrique Subsaharienne, la téléconsultation pourrait se présenter comme une solution hautement efficace pour les populations. Nous vous expliquons pourquoi dans cet article.

Le continent africain est considéré comme une des zones mondiales des plus touchées par le phénomène de la désertification médicale. En effet, cette partie du monde souffre d’un cruel manque de ressources humaines en matière de santé. Dans un rapport, l’OMS estimait à 1,8 millions le déficit en personnel de santé sur le continent africain. Le nombre de médecins par rapport aux populations reparties sur les territoires est en effet très déséquilibré. En Afrique subsaharienne par exemple, on dénombre parfois moins d’un médecin pour 5000 habitants.

Outre la dimension des ressources humaines (le manque criant de médecins), les pays d’Afrique subsaharienne font face à d’énormes manques d’infrastructures et d’équipements sanitaires. Entre obsolescence du matériel médical, délabrement des établissements de santé, faible capacité d’accueil et absence d’outils de santé, les populations sont obligées de s’orienter vers d’autres solutions.

Enfin, l’autre manifestation de cette désertification médicale, c’est l’inégalité entre la ville et la campagne. En effet, dans la plupart des régions d’Afrique subsaharienne, on assiste à une concentration des médecins et des infrastructures de santé dans les métropoles. Cette répartition inégale crée des manques dans le milieu rural qui ont pour conséquences de nombreux problèmes de santé pour les populations rurales.

Face à ce triste constat, de nombreuses solutions ont été proposées pour améliorer l’accessibilité aux soins des populations d’Afrique. Parmi cette panoplie de solution, figure la téléconsultation.

Définition de la téléconsultation

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Selon le ministère français de la santé et de la prévention, la téléconsultation est une consultation entre un professionnel médical (médecin, sage-femme, un chirurgien-dentiste…) et son patient, par écran interposé (smartphone ou ordinateur) via l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Cette consultation peut être proposée à tout patient atteint d’une affection aiguë ou d’une maladie chronique.


Pourquoi la Téléconsultation pourrait avoir un impact en Afrique ?

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Deux raisons pourraient expliquer un potentiel développement de la téléconsultation sur le territoire africain et, par ricochet, une amélioration de l’accès aux soins.

  • Un développement de l’accès à l’Internet : Même si le continent connait un retard dans la course au numérique, il faut dire que, selon le rapport de 2020 du Global Digital de l’agence international We Are Social, 1,2 milliards d’africains ont aujourd’hui accès à internet (37,2% de la population africaine).
  • Une utilisation croissante du mobile : Depuis ces dernières décennies, on assite en Afrique à une progression de l’utilisation des smartphones. En effet, les africains sont de plus en plus nombreux à opter pour le digital, à savoir le smartphone : 300 à 350 millions de mobiles intelligents sont utilisés en Afrique actuellement.

Ainsi, la télémédecine pourrait être la solution pour venir en aide aux nombreux africains qui vivent dans des déserts médicaux. Une aide pour donner accès à des consultations, premier pas pour la prise en charge des malades. La télémédecine est donc une aide efficace pour poser un diagnostic médical et pour orienter les malades. Bien sûr, dans les cas de maladies graves, cela nécessite ensuite des soins spécifiques et donc l’accès physique à des structures médicales. La télémédecine nécessite également l’accès à une connexion informatique qui fonctionne, cela représente un coût… Au final, la télémédecine représent un progrès indéniable en termes d’accès à la santé de chacun, pour un diagnostic sûr et un conseil suivi.

Les avantages de la téléconsultation en Infographie


Le tabagisme passif : pourquoi faut-il s’en méfier ?

Si aujourd’hui plusieurs personnes ont généralement connaissance des facteurs de risques associés à la pratique du tabagisme actif, très peu sont informées sur les conséquences mortelles liées au tabagisme passif. Dans un contexte où le tabagisme passif est responsable de 600 000 décès prématurés dans le monde par an, nous vous proposons une infographie sur les effets potentiels liés au tabagisme passif.

Le 31 mai dernier, le monde a célébré la journée mondiale sans tabac. Très peu médiatisée à l’instar des années précédentes, cette journée a été instituée par l’Organisation mondiale de la santé dans l’optique de faire mieux connaître, partout dans le monde l’épidémie du tabagisme et ses effets mortels. L’objectif d’une telle journée est de communiquer sur les dangers liés au tabac ainsi que les actions anti-tabac menées par l’OMS.

Pour faire écho à cette journée, nous avons décidé tout au long de cet article de vous proposer une réflexion sur le tabagisme passif. Selon l’OMS, le tabagisme passif correspond à l’inhalation d’une fumée secondaire issue du mélange entre la fumée qui se dégage d’une cigarette allumée et la fumée expirée par un fumeur. Il s’agit tout simplement de respirer l’odeur de la fumée d’une cigarette allumée ou l’odeur d’une fumée expirée par un fumeur.

Pourquoi le tabagisme passif est toxique ?

En lien avec cette infographie, l’Académie de médecine affirme que la fumée de tabac constitue « la source la plus dangereuse de pollution de l’air domestique, en raison de sa concentration élevée en produits toxiques, mais aussi parce que l’on y est exposé à tout âge et pendant des périodes beaucoup plus longues que celles où l’on subit une pollution atmosphérique extérieure ».

Quels sont les potentiels effets du tabagisme passif sur notre santé ?

  • Sur la santé des jeunes enfants
Source de donnée : Ici
  • Les effets potentiels sur l’adulte

Les non fumeurs : comment se protéger ?

Réalisée par T.ATTIA


Quand notre environnement peut nous rendre obèses

La question de l’obésité constitue une véritable préoccupation d’un ensemble d’experts et de chercheurs. Plusieurs études se sont fondées sur des facteurs comme le comportement alimentaires, les dimensions génétiques et psychologiques pour expliquer ce problème de santé. Pour autant, ces facteurs semblent ne pas suffirent pour comprendre au mieux la problématique de l’obésité. Alors dans cet article, nous vous présenterons un autre facteur déterminant de l’obésité.

Définie comme une accumulation anormale ou excessive de la graisse, l’obésité fait partie des préoccupations majeures de santé publique dans le monde. En 2017, une étude sur la charge mondiale de la morbidité a montré que plus de 4 millions de personnes mourraient chaque année des suites d’obésité, soulignant ainsi les proportions endémiques de ce problème de santé.

Associée à une augmentation des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, des troubles de sommeil, de plusieurs cancers, de problèmes articulaires et de difficultés respiratoires, la question de l’obésité a suscité l’intérêt d’un bon nombre de chercheurs. Pour définir les causes de cette maladie, la majorité des études s’est appuyée sur des facteurs alimentaires (des excès d’apports caloriques, le grignotage…), des facteurs génétiques, des facteurs psychologiques (situation de détresse ou de stress…) et des facteurs physiques (la sédentarité), occultant ainsi une dimension importante en l’occurrence l’environnement. L’obésité n’est pas seulement la résultante des facteurs précités en amont, mais elle est aussi la conséquence de l’environnement dans lequel vivent les populations. Dans cet article, nous essayerons de vous montrer le lien entre environnement et développement de l’obésité. Mais avant, comment calculer sa masse corporelle ?

Comment calculer sa masse corporelle ? 

Pour évaluer la corpulence d’un individu, l’Organisation mondiale de la santé a créé un indicateur communément appelé « Indice de Masse Corporelle » (IMC). Cet indice permet de déterminer si une personne est en situation de maigreur, de surpoids ou d’obésité. Il se calcule en divisant le poids (kg) par le carré de la taille (cm). A cet effet, un IMC normal se situe entre 18.5 et 25. Pour les personnes obèses, l’IMC est supérieur à 29. Alors, en lien avec notre sujet, quel lien existe entre environnement et développement de l’obésité ? 

Le cadre de vie, un facteur d’obésité

Crédit : Pexels.com

Pour montrer le lien existant entre le cadre de vie et l’obésité, certains chercheurs utilisent ce dicton : «Dis-moi où tu résides, et je te dirai combien tu pèses». Cette pensée souligne l’influence du milieu de vie sur la masse corporelle des populations qui y résident. Elle vient témoigner d’une relation apparente entre le cadre de vie et le développement de l’obésité.

De cette relation découle une double constatation. D’une part, il faut dire que de nombreuses études notamment celles menées aux États-Unis et au Royaume-Uni en 1999 révèlent que les banlieues populaires et les zones rurales favoriseraient davantage la croissance du taux d’obésité. En effet, ces zones caractérisées par une offre alimentaire peu dense, une difficulté d’accès à une alimentation saine et le développement des produits ultra-transformés, concentrent les plus hauts indices de masse corporelle.

D’autre part, évoquer la relation entre développement d’obésité et cadre de vie, c’est aussi faire référence à l’environnement bâti. Dans un article publié en 2010, Stefan Reyburn mettait en évidence l’influence de l’environnement bâti sur la masse corporelle. Pour lui, les territoires ne disposant pas d’équipements (sportifs, de loisirs, des pistes cyclables, voie piétonnière, l’art mural…) seraient susceptibles d’enregistrer un nombre élevé de cas d’obésité. 

Obésité et précarité : une paire ? 

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Plusieurs études s’accordent à placer le comportement alimentaire en l’occurrence le choix des aliments comme premier responsable de l’obésité. Cette vision, bien que n’étant pas totalement erronée, elle escamote un déterminant majeur des choix d’aliments à consommer. Parler d’obésité sans mentionner la question de la situation socio-économique, s’arrimerait à occulter un problème majeur. En effet, la situation économique telle que la précarité joue un rôle décisif dans le développement de l’obésité sur un territoire. Selon l’enquête Obepi de 2012, l’obésité est près de deux fois plus importante dans les catégories sociales les plus défavorisées que chez les cadres supérieurs. 

Dans la même veine, l’incapacité à se procurer des aliments sains et variés en raison de leurs prix onéreux, accroîtraient davantage la possibilité de ces groupes sociaux défavorisés à développer une masse corporelle allant au delà du seuil normal. Allant dans cette même lancée, l’OMS à l’issue de son rapport publié en 2019 a affirmé : «Les enfants en surpoids ou obèses vivent dans les pays en développement où le taux de progression de ces phénomènes est supérieur de de 30% à celui des pays développés». Cette affirmation vient confirmer l’idée d’une relation entre précarité et développement de l’obésité dans le monde. 

L’obésité et l’environnement socio-culturel 

Crédit : Pexels.com

Pour comprendre finement le développement de l’obésité dans certains territoires, il est également nécessaire d’étudier l’environnement socio-culturel. Déterminant en partie nos représentations autour de l’alimentation, nos savoir-faire et connaissances, nos pratiques et nos préférences, l’environnement socio-culturel est un indicateur qui permet de cerner les individus dans leurs choix alimentaires. 

Des recherches en sciences sociales à l’instar de de celle de Faustine Régnier (2011) démontrent que les groupes sociaux n’ont pas les mêmes pratiques de consommations face à une offre alimentaire variée. A travers cette étude, elle révèle que les personnes de milieu modeste valorisent beaucoup moins les recommandations nutritionnelles que les personnes aisées, non seulement en raison de leur coût élevé, mais à cause de la perception qu’elles ont de la « bonne alimentation« . 

Cette situation est à la base de comportements alimentaires parfois responsables du développement de l’obésité dans ces milieux modestes. Elle justifie par ricochet que la question de la motivation à adopter une habitude alimentaire socialement reproduite, doit être prise en compte dans les réflexions sur les déterminants de l’obésité. 


Usages problématiques des écrans : Quels risques ?

La question du lien entre usage excessif des écrans et santé reste très problématique en raison de l’insuffisance études scientifiques et de leur faible niveau de preuve. Cependant bien que des études longitudinales ayant montré un lien causal entre exposition excessive aux écrans et santé font cruellement défaut, l’on ne pourrait réfuter l’idée d’un rapport entre pratiques abusives des écrans et des risques potentiels. Nous vous faisons le point dans cet article.

     A la fin du XXème siècle, on assiste à la révolution des modes de communications, de partage de savoir, de manipulation et de transmission de l’information grâce à l’essor des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Porté par un outil majeur en l’occurrence les écrans, cet essor semble toucher une multitude de secteurs (santé, éducation, la sécurité, le loisir, le droit…) et toutes les générations dans le monde. 

Définis par le Haut Conseil de Santé Publique (France) comme « une interface entre un observateur passif, ou rendu actif et un ensemble infini et permanent d’images, de messages, de connaissances, d’émotions, de mises en relation et de stimulations comportementales», les écrans sont devenus des partenaires indispensables et inséparables des êtres humains. Du Téléviseur aux téléphones portables, passant par les consoles de jeux et les tablettes, les écrans font partie intégrante du quotidien de plusieurs catégories sociales. Une étude récente de We Are Social et Hootsuite en 2021 montre par exemple que le nombre d’utilisateurs de téléphone 5,27 milliard, soit 67% de la population mondiale.

Qu’il s’agisse de besoins d’apprentissages, de communications, d’informations, de mises en réseau, de diversements ou de thérapies, on assiste aujourd’hui à une forme de surexposition voire à des usages problématiques des écrans dans le monde.

Sujet à une multitude d’interrogations, cet usage ne caractérise pas seulement par le nombre d’heures passées devant les écrans, mais il englobe diverses dimensions. Pour l’Institut d’Éducation Médicale et de Prévention, la notion d’usages problématiques des écrans se définit en termes de retentissement sur la vie à savoir l’envahissement des sphères privées et sociales, la perte de contrôle et des conséquences négatives psychosociales. Les chercheurs le résument donc en cinq critères :

  • Un comportement excessif avec une place centrale de l’écran au détriment de toute autre activité, 
  • Une perte de contrôle de la pratique des écrans, 
  • Un sentiment de manque profond et de malaise en cas de déconnexion,
  • Un usage des écrans aux conséquences durable notamment sur le plan social, psychologique, professionnel, éducatif.

Une telle définition pousser à nous interroger sur les différents risques liés à cet usage.

Usages abusifs des écrans et sommeil

Les effets des écrans sur le sommeil sont considérés comme l’un des champs les plus investigués par des recherches, tant sur le plan physiologique que psychologique. Le niveau de preuve associant l’exposition abusive aux écrans et le sommeil (qualité et durée) est élevé (HCSP, 2019). 

    Analysant les résultats de l’enquête du Réseau Morphée réalisée auprès de plus de 2000 collégiens et lycéens franciliens, l’Observatoire Régionale de la Santé (Ile-de-France) a pu observer l’apparition de troubles de sommeil chez élèves liés à des usages conséquentes parfois variés des écrans. On peut lire dans ce rapport publié en 2020, qu’il existerait une corrélation nette entre la durée d’utilisation des écrans et le risque de troubles de sommeil ; et que plus cette durée est élevée, plus cela accroit le risque de trouble de sommeil.

Dans cette même veine, le HCSP ajoute en mentionnant qu’un usage journalier des écrans de plus de 2 heures entraine significativement une latence d’endormissement. 

Pourtant ces effets ne sont pas sans résonance sur la santé. De nombreuses études ont montré que le trouble de sommeil est corrélé à de diverses conséquences notamment une baisse de la perception sensorielle, des troubles de mémoire, des risques de dépression et d’hypertension artérielle etc. 

Surexposition des écrans, paramètres physiques et physiologique

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Selon HCSP, de nombreuses études observent une association entre le temps passé devant les écrans et le surpoids/obésité des enfants et adolescents. En effet, un usage problématique des écrans contribue à accroitre la sédentarité, à réduire le temps consacré aux activités physiques et peut éventuellement favoriser la tendance au grignotage (Mildeca, 2021). Pour HSCP, l’usage excessif des écrans peut être éventuellement responsable de l’augmentation du surpoids. 

    Cette affirmation vient corroborer les résultats de l’étude effectuée par l’Institut de Barcelone auprès de plus de 1000 enfants âgés de 4 à 7 ans. Cette étude a permis de voir qu’une forte exposition des écrans à l’âge de 4 ans est susceptible d’accroitre le risque de surpoids, d’obésité et de syndrome métabolique à l’âge de 7 ans. 

    Abordant la question de la sédentarité et du temps passé devant les écrans, une analyse récente des résultats de l’Initiative pour la Surveillance de l’Obésité Infantile (COSI) de l’OMS publié en 2020 souligne ceci : « Le temps passé à l’utilisation d’appareils à écran aggrave le comportement sédentaire, lui-même associé à une consommation plus importante de snacks, de boissons et de repas rapides à forte densité énergétique, et à un apport énergétique global plus élevé ». 

Des effets sur les fonctions cognitives, langagières et la santé mentale ?

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    L’analyse de la littérature sur les effets des écrans sur les fonctions cognitives, langagières et la santé mentale sont majoritairement en contradiction. Si certains observent des effets négatifs sur l’acquisition du langage par exemple, d’autres perçoivent les écrans comme des facteurs d’amélioration de l’apprentissage. Bien qu’il parait infondé de nier l’existence d’un lien entre développement des outils numériques, apprentissage et développement de comportements de santé, il n’en reste pas moins vrai qu’un usage problématique pourrait conduire à conclure actuellement dans un autre sens. Se fondant par exemple sur certaines études, la Mildeca souligne que « les enfants surexposés aux écrans ont plus de risques de souffrir d’un retard de langage que les autres ».

Dès lors une exposition précoce aux écrans des très jeunes enfants, aux premiers mois de vie, est une distraction qui pourrait avoir des conséquences sur leur développement cognitif. 

 

Surexposition aux écrans facteur d’inattention ?

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Les études portant sur l’association entre l’exposition aux écrans et l’inattention se réfèrent plus au trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Le TDAH est un diagnostic reconnu par le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié par l’Association Américaine de Psychiatrie. Il se définit comme un trouble neurologique présentant notamment des caractéristiques comme le manque d’attention, les comportements impulsifs et l’hyperactivité. 

Même si les résultats des recherches sur le lien entre exposition aux écrans et trouble du déficit d’attention sont relativement disparates et n’établissent aucun lien de causalité, il est important de mentionner que certaines études ont conduit à des constats de l’existence de liens significatifs.

Suchert, Hanewinkel et Isensee en dans 2015 dans leur ouvrage « Sedentary behavior and indicators of mental health in school-aged children and adolescents : a systematic review » indiquent qu’un temps important passé devant les écrans est un prédicteur significatif de l’apparition de problème d’inattention/hyperactivité. En effet, devant un écran, les usagers sont exposés à plusieurs stimulus mobilisant leur attention ( Shanoor et Romina, 2020). Cette importante stimulation engendre un épuisement de l’ensemble du système attentionnel et se réalise au détriment de la concentration et de l’attention volontaire. 

Dans la même lignée des études expérimentales amènent à l’hypothèse selon laquelle le débit élevé des stimulus présents sur un écran conduirait à des problèmes d’attention et à une augmentation de l’impulsivité (Christakis et al, 2018). 


L’environnement social : un facteur déterminant des addictions ?

Au-delà des facteurs biologiques, individuels et de la place du produit, l’environnement social semble jouer un rôle important dans l’installation d’un comportement addictif problématique. Que ce soit dans le milieu familial, à l’université, dans le milieu du travail ou encore dans le relationnel, il pourrait exister un lien entre environnement social et addiction...

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les addictions comme « un état de dépendance périodique ou chronique à des substances ou à des comportements ». C’est donc une incapacité et une impossibilité répétée de contrôler un comportement voire la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. Considérées comme une pathologie par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), les addictions regroupent à la fois la consommation itérative d’une substance psychoactive (alcool, tabac, drogue, protoxyde d’azote…) et la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…). 

     En France comme à l’échelle européenne et dans le reste du monde, les addictions sont perçues comme un problème majeur de santé publique dont les effets sont multiples. Des conséquences sanitaires aux impacts sociaux, les comportements addictifs sont au cœur des axes de réflexion et de travail de plusieurs chercheurs, gouvernements, acteurs de la société civile, associations, scientifiques etc. 

    S’intéressant à cette question, de nombreux auteurs ont abordé plusieurs facteurs qui sous-tendent un tel comportement malgré les conséquences qui y sont associées. L’un des facteurs mis en avant par ces auteurs, est l’environnement social. Comprenant à la fois les dimensions culturelles, économiques, politiques voire les relations humaines, l’environnement social se présente aujourd’hui comme l’un des moteurs de nombreux comportements addictifs. Dans leur ouvrage « conduites addictives chez les adolescents » paru en 2014, les chercheurs de l’Inserm révèlent que les comportements addictifs sont le fruit de l’action individuelle dont la fréquence et l’intensité sont liées à des déterminants sociaux et familiaux. 

   Une telle affirmation vient souligner la nécessité de mieux comprendre le rapport entre addictions et environnement social. Vous vous posez des questions sur ce rapport ? Pas de crainte, dans cet article, nous vous aiderons à mieux comprendre cette relation. 

Addictions et environnement familial ? 

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    Parler de l’environnement social, c’est avant tout évoquer la dimension familiale de l’individu. En effet, le rapport d’un sujet au monde, éventuellement ses liens à un produit ou son comportement en général est premièrement en lien à sa relation à son environnement familial. En rapport avec les addictions, il est important de préciser que la consommation d’un produit psychoactif ou la pratique excessive d’un comportement se fait en partie par une identification soit à un membre de la famille, aux parents ou à un proche de la famille. Par exemple, les premières consommations d’alcool chez les adolescents sont souvent expérimentées en famille.

Pourtant la rencontre prématurée (singulière ou massive) avec une substance psychoactive (alcool, tabac, cannabis…) pourrait favoriser l’installation précoce d’un abus ou d’une dépendance. Dans une interview réalisée en 2016, Marie Grall-Bronnec, psy­chiatre au CHU de Nantes constate que plus la rencontre avec l’alcool ou la drogue se fait tôt, plus la personne, en raison de son immaturité neuronale, est en phase de manifester des complications comme les addictions.

     Outre ce premier niveau, le risque de développer une addiction est fortement majoré par la présence d’antécédents familiaux surtout dans le contexte d’un fort lien de parenté. Dans l’ouvrage « conduites addictives chez les adolescents » mentionné en introduction, les auteurs évoquent un niveau de risque de consommation précoce ou d’addiction deux à trois fois plus élevé chez les adolescents dont les parents sont consommateurs. En parallèle, Nurnberger, Jr. et coll., en 2004 ont affirmé que les jeunes dont les parents ont une forte consommation d’alcool ont deux à trois fois plus souvent une consommation excessive d’alcool. 

     Enfin, le risque d’addiction est également associé aux caractéristiques des relations parent-enfant. Des études ont montré que vivre dans une famille divorcée/séparée ou être dans une famille dans laquelle les relations enfant-parent sont mauvaises (tolérance de consommation des produits, négligence…) et peuvent être susceptible d’accroitre le niveau de consommation et conduire à des usages très problématiques. 

Les pairs, une influence à surveiller ? 

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Au-delà de l’environnement familial, l’ouverture au monde d’un individu, son autonomisation psychique et comportementale passent par le rôle des relations amicales. Avides de reconnaissance sociale (considération des pairs, admissions dans un groupe, la popularité…), plusieurs personnes sont généralement influencées par les normes de notre société actuelle au point où il leur est difficile de refuser, au risque de s’exposer à un rejet. Pourtant Robert Courtois et all, en 2017 montraient que l’influence des pairs et le conformisme par rapport au groupe jouent un rôle significatif dans l’expérimentation précoce des substances psychoactives dès l’adolescence et dans le risque de développer un trouble d’usage. 

Par exemple chez les jeunes de 12 à 25 ans, la crainte d’être exclu.e d’un groupe ou dans certains cas le désir d’appartenir à un groupe, va inciter à l’adoption  d’un comportement addictif en dépit des conséquences qui y sont associées. 

De plus, certains jeunes s’adonnent à la consommation de drogue, d’alcool, de tabac pour éviter les scènes de railleries et moqueries de leurs pairs. L’illustration parfaite de cette affirmation se trouve dans l’histoire racontée par les journalistes Kai Hermann et Horst Rieck dans leur ouvrage « Moi, Christiane F, droguée, prostituée… » paru en 1978. Dans cet ouvrage, les auteurs relatent l’histoire vraie d’une jeune fille des années 70, qui pour échapper à une enfance peu joyeuse et par ricochet être à la mode, se plonge plus profondément dans la drogue. Cette histoire met en lumière l’influence des pairs dans l’adoption de certains comportements chez un individu. 

Les inégalités sociales et les addictions : quel rapport ? 

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Les inégalités sociales, se présentent comme de véritables déterminants des conduites addictives. Dans l’ouvrage « Motivation et facteurs de vulnérabilité », les auteurs révèlent par exemple que l’entrée et l’installation dans des consommations régulières ou problématiques apparaissent plus fréquemment lorsque les adolescents connaissent une situation sociale défavorable. En effet, même si l’on observe une expérimentation fréquente des substances psychoactives chez les jeunes connaissant un statut social plus favorable, il est important de souligner que ceux-ci évoluent souvent moins vers des usages fréquents ou intensifs d’alcool, de tabacs ou d’usages problématiques de cannabis (Inserm 2014).

Cependant, les jeunes issus des milieux populaires ou ruraux ont tendance au fil des temps à aller vers des consommations et des comportements très problématiques. Leurs trajectoires sociales notamment la détérioration de leurs conditions de vie, la perte d’emploi, le chômage voire les difficultés financières vont favoriser la survenue d’une pratique addictive. Cette perception est partagée par Melchior lorsqu’il affirme en 2007 que : « les personnes qui ont une situation sociale défavorable tout au long de leur vie ou qui connaissent une détérioration de leur situation sociale au cours de la vie ont des niveaux de conduites addictives plus élevés que celles qui ont toujours une situation sociale favorable ou qui connaissent une ascension sociale, même lorsqu’on tient compte d’évènements de vie ou de difficultés psychologiques ». Cette affirmation vient montrer le lien étroit qui existe entre inégalités sociales et addictions.


Quand les problématiques de santé s’invitent à la CAN 2O21…

Parler de la CAN 2021 sans évoquer la dimension de la santé s’apparente à rouler un véhicule sans frein. Avez-vous pensez aux dégâts que cela causerait ? Alors pour les éviter, nous invitons au travers de cette réflexion à comprendre le rapport entre santé et la 33ème édition de la CAN.

Depuis le 9 janvier 2022, le continent africain vibre au rythme de sa plus grande et prestigieuse compétition sportive, à savoir la Coupe d’Afrique des Nations de football. Au cœur de l’Afrique centrale et plus précisément au Cameroun, cette 33ème édition de la CAN réunie 24 pays provenant des diverses parties du territoire africain et promet de beaux spectacles. Cet événement festif, c’est aussi le lieu d’un foisonnement d’articles sur une panoplie de thématiques en rapport avec les matchs, les interviews, les conférences de presse, les entrainements, etc. Comme à l’accoutumée, la majorité des articles publiés se concentrent sur le décryptage des rencontres ou des conférences de presse. D’autres abordent l’aspect purement économique, politique ou social de cette compétition en occultant une dimension importante en l’occurrence la santé.

Mettre en relation santé et CAN 2021 pourrait paraitre évident quand on la résume au champ biomédical, notamment aux différentes blessures des joueurs ou encore aux potentiels problèmes cardiaques. Pourtant, la définition de la santé proposée par la Charte d’Ottawa, pousse à analyser le rapport CAN et Santé autrement. Alors, à travers cet article, nous vous proposerons une réflexion axée sur une autre vision du rapport CAN 2021 au Cameroun et Santé.

CAN et Vaccination : quel rapport ?

L’apparition de la Covid-19 à la fin de l’année 2019 a conduit à la modification de plusieurs protocoles des événements sportifs afin de garantir et promouvoir la santé des participants. A l’instar des récentes messes sportives dans le monde (Euro 2020, Ligue des Champions…), le déroulement de la CAN est soumis à plusieurs mesures sanitaires, notamment les jauges de 60% appliquées dans les stades, les tests covid et un schéma vaccinal complet. Pourtant, une telle situation n’est pas sans résonances aux regards des préjugés de la plupart des personnes vivant en Afrique, sur le virus et en particulier, sur la vaccination contre la Covid-19.

Le début de la compétition au Cameroun est marquée par des stades peu remplis voire quasiment vides malgré les différentes politiques incitatives mises en place par le gouvernement. Plusieurs rencontres se sont déroulées dans des ambiances assez moroses, entachant ainsi la dimension « sucrée » de cette CAN.

L’une des principales raisons de cette faible participation demeure la vaccination, selon un certain nombre de personnes. Contrairement au gouvernement camerounais qui voyait en la CAN un facteur accélérateur du taux de vaccination, il faut souligner que cette mesure sanitaire a impacté l’engouement et la motivation des supporteurs.

Au micro de RFI, un supporter a affirmé ceci : « Je ne vais pas au stade à cause du vaccin. Dans les pays d’où proviennent ces vaccins, les gens sont obligés de prendre trois doses, et même ceux qui sont vaccinés meurent. Alors non, je ne le ferai pas « . Toujours dans cette veine, un autre supporter déclare ceci : «  la vaccination pas questionMême si tu rajoutes miss Cameroun, je n’y vais pas« .

De telles affirmations montrent sans ambages les conséquences des mesures sanitaires, plus spécifiquement de la vaccination, sur l’organisation et le déroulement de cette compétition remarquable.

La Covid-19, une invité surprise à la CAN 2021 ?

Ramasseur de balle assis sur le terrain, ses bras entourant ses genoux
Ramasseur de balle assis derrière le filet de but lors de la finale du tournoi de football du district de Mogadiscio entre les districts de Waaberi et de Shibis, dans la soirée du 24 septembre 2018.

A l’opposé des éditions précédentes, la CAN de 2021 au Cameroun se déroulent dans des conditions très particulières. Outre les différents vides observés dans les stades, les mesures sanitaires strictes, les blessures et les restrictions de voyage touchant certains footballeurs, cette compétition est touchée par un nombre important de cas positif à la Covid-19. Affectées par cette situation, de nombreuses équipes se voient dans l’obligation de repenser à l’improviste la composition de leurs effectifs sans préparation au préalable.

Parmi ces équipes, on peut éventuellement citer la Tunisie. En effet, à la veille de sa confrontation à la Gambie, les Aigles du Carthage ont dû se passer de douze précieux joueurs et notamment de leur capitaine, Wahbi Khazri testé positif à la Covid-19.

A cet exemple, on pourrait ajouter le cas de l’équipe du Sénégal qui, en début de compétition a été privée des joueurs importants comme le meilleur gardien FIFA 2021 Edouard Mendy, Kalidou Koulibaly de Naples et Famara Dhiédiou d’Alanyaspor, en Turquie.

Enfin, l’une des situations marquantes de cette CAN reste l’absence des deux stars gabonaises à savoir Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina, testés positifs avant le premier match contre l’équipe de Comores. A la différence des autres cas testé positifs, ces deux joueurs conserveraient quelques traces de la Covid-19 selon un IRM. Dans une conférence de presse, le sélectionneur de l’équipe gabonaise indique ceci : « Vu le souci médical que Pierre-Emerick [Aubameyang] et Mario [Lemina] ont rencontré, en accord avec le docteur, mon président de fédération et les joueurs, on a pris la décision sage de les faire rentrer dans leurs clubs afin qu’ils puissent se soigner et être pris en charge« .

Si l’on s’attendait à voir seulement 24 équipes dans cette CAN 2021, il important de souligner la présence d’une invitée surprise, qu’est la Covid-19.

La chaleur, un autre adversaire pendant la CAN 2021 ?

Thermomètre au soleil
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Au cœur d’un climat tropical, les différentes équipes sont confrontées pendant cette CAN à un autre adversaire : la chaleur. À bout de souffle, le front dégoulinant de sueur, les corps ruisselants, les tenues imbibées et les visages rougis de certains joueurs. Parfois pliés en deux ou allongés sur l’herbe, la chaleur semble avoir une forte incidence sur la dimension physiologique et mentale des joueurs, des sélectionneurs, voire des arbitres.

L’un des faits de cette incidence reste les deux coups de sifflet anticipés de l’arbitre zimbabwéen, Janny Sikazwe, lors du match qui opposait le Mali à la Tunisie. Si pour plusieurs cela s’inféode à du vol ou de la forfaiture, il important d’affirmer que le patron des arbitres du football africains ne le voit pas ainsi. En effet, pour Essam Abdel-Fatah, cette erreur d’arbitrage est la conséquence d’un problème de santé dû à la chaleur et en particulier, à l’insolation dont a été victime le Zimbabwéen.

Même si cette justification ne semble apaiser les Tunisiens, nous ne pouvons en aucun cas nier l’existence d’un rapport entre chaleur extrême et santé. En effet, dans un rapport publié en 2019 sur le site de l’Institut National de Recherche et de Sécurité, les experts révèlent un lien très étroit entre exposition à la chaleur et santé des populations. Dans ce rapport les auteurs montrent que l’exposition à la chaleur peut être à l’origine, chez un individu, d’effets sur la santé qui peuvent être graves, tels que des crampes, la déshydratation ou l’épuisement.

Il permet également de comprendre la difficulté qu’ont les différents joueurs évoluant en Europe à être plus productifs et décisifs.


Afrique subsaharienne : Et si la dictature était un autre virus qui affecte la santé des populations ?

Nous sommes sans ignorés que la dictature à de multiples conséquences sur plusieurs domaines de la société notamment l’économie, l’éducation, le social, etc. Cependant nous sommes-nous déjà posé.es la question sur son potentiel impact sur notre santé ? Si non, cette petite réflexion vous donnera une idée de ce rapport entre démocratie et santé de la population.

Le triomphe idéologique de la démocratie et du libéralisme sur les autres idéologies politiques à la fin de la guerre froide, avait laissé penser que toutes les nations convergeraient vers un idéal démocratique. Certains penseurs et hommes politiques croyaient même à l’expansion fulgurante du régime démocratique dans tous États du monde. Cependant, cette lueur d’espoir sera assez rapidement dissipée en raison de la montée en puissance des régimes autoritaires dans certains pays, parfois dans des territoires décolonisés par les promoteurs de la démocratie.

En Afrique subsaharienne par exemple, la démocratie s’est vue engloutir précocement au lendemain des indépendances, en l’occurrence par la dictature. Définie comme « la concentration des pouvoirs aux mains d’un seul homme, d’une assemblée, d’un parti qui l’exerce alors sans limite et qui pallie sa faible légitimité par l’exercice abusif de la force », la dictature est perçue aujourd’hui comme le propre de plusieurs dirigeants de cette partie du continent africain. En effet, on assiste dans ces pays à l’exercice arbitraire du pouvoir d’État, à l’absence de contrôle démocratique, à l’absence de séparation de pouvoir, à l’usage démesuré de la violence, à la privation des libertés individuelles voire à la faible participation des populations aux prises de décision.

Une telle situation n’est pas sans conséquences. Si plusieurs réflexions se sont axées sur l’impact de la dictature sur l’économie ou encore sur l’environnement politique, cet article proposera une réflexion autour de l’impact de la dictature sur la santé des populations en Afrique subsaharienne.

Privation de la liberté d’expression, le premier symptôme du virus « dictature » 

Contrairement aux espoirs placés au lendemain de la proclamation progressive des indépendances, certains pays d’Afrique subsaharienne restent depuis ces dernières décennies à la traîne en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme. La montée substantielle de dirigeants avides de pouvoir et de puissance, plonge une grande partie de la région subsaharienne d’Afrique dans une spirale autocratique voire dictatoriale. Le désir de se maintenir vaille que vaille à la magistrature suprême, conduit une majorité de gouvernants de cette partie du monde à pratiquer une forme de gestion territoriale foncièrement néfaste pour leurs populations. 

L’une des caractéristiques de ces régimes dictatoriaux, est la privation de la liberté d’expression. Définie comme « un droit garanti par la constitution permettant à tout citoyen d’exprimer librement ses opinions », la liberté d’expression demeure un véritable défi à relever dans cette partie d’Afrique. Dans plusieurs territoires de cette zone de l’Afrique, on assiste au contrôle absolu sur la presse et l’information ; à la détention illégale de plusieurs individus en raison de leurs opinions ; à la répression des marches pacifiques ; aux contrôles des flux d’informations venant de l’extérieur ; à l’emprisonnement de journalistes en raison de leurs positions…

Pourtant, ces agissements contraires aux principes de la charte des droits de l’Homme ne sont pas sans résonances pour les populations de l’Afrique subsaharienne. Dans un rapport du publié en septembre 2011, le Conseil Européen établit un lien entre la liberté d’expression et bien-être d’une population. Il montre dans cette réflexion que la liberté d’expression est une condition indispensable au bien-être des population. Par conséquent, dans ces états où la liberté d’expression reste un élément difficilement accessible, on est tenté d’affirmer que la privation de la liberté d’expression et ses corollaires observables dans certains pays de l’Afrique subsaharienne, constituent une menace pernicieuse pour le bien-être mental (développement de la peur, harcèlement), physique (répression, violence…) et social (détention illégale) de leurs populations.

La dictature, lieu de faible participation citoyenne

Carton de manifestant indiquant "On ne fait pas un monde différent avec l'indifférence"
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La participation citoyenne, selon l’institut du Nouveau Monde est « l’exercice et l’expression de la citoyenneté à travers la pratique de la participation publique, de la participation sociale et de la participation électorale ». Cette exercice telle est considérée comme un idéal quasiment inatteignable dans un régime autocratique.

Dans certains états d’Afrique subsaharienne où la dictature est à son paroxysme, force est de constater une faible participation citoyenne aux décisions touchant directement leurs vies communautaires, aux négociations, à la réalisation des projets de territoire, à la recherche des solutions, à l’élaboration des politiques de développement etc. 

En effet, les populations vivant dans ces pays sont en marge de toutes décisions nécessitant indéniablement leurs avis, à l’exception des périodes électorales où elles apparaissent comme des trésors à encenser. Pourtant, une telle marginalisation se présente comme un véritable déterminant de dégradation de la santé. En effet, elle s’oppose catégoriquement au concept de promotion de santé, qui met en avant l’idée d’une participation citoyenne.

Selon la charte d’Ottawa, la promotion de la santé passe par la participation effective et concrète de la communauté à la fixation des priorités, à la prise des décisions et à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies de planification en vue d’atteindre une meilleure santé.

Par conséquent, l’absence d’une réelle participation citoyenne dans les pays d’Afrique subsaharienne pourrait en danger la santé de leurs populations.

La dictature et l’absence de citoyenneté

Considérée par l’Organisation Mondiale de la Santé comme « l’absence de différences évitables ou remédiables entre différents groupes de personnes, qu’ils soient définis selon des critères sociaux, économiques et démographiques ou géographiques », l’équité est un principe totalement contraire aux aspirations et objectifs des régimes dictatoriaux. 

Dans certains espaces d’Afrique Subsaharienne où la dictature est encore vivace, l’atteinte de l’équité s’apparente à la recherche de l’eau dans le vaste désert du Sahara. En effet, un certain nombres de ces pays sont marqués par de fortes disparités résultant des programmes sociaux insuffisants, des modalités économiques injustes et des stratégies politiques mal pensées. Ils apparaissent comme le lieu des différences d’accès au logement, à l’alimentation, à l’éducation, à l’emploi, aux centres de santé etc. Ce sont également des territoires où le népotisme et le favoritisme sont énormément développés.

De telles réalités nous conduisent à établir un rapport entre l’absence d’équité et la santé populationnelle en Afrique Subsaharienne. Plusieurs études, notamment l’article de Thibaut de Saint Pol sur les inégalités sociales face à la santé en France, ont montré que les différences socio-spatiales sont de forts déterminants de la dégradation de la santé dans certains pays. En d’autres termes, les différences d’accès aux ressources sanitaires, environnementales, économiques, sociales favorisées et nourries par les régimes autocratiques, s’inféodent à de véritables poisons qui affectent silencieusement de la population d’Afrique subsaharienne.